Un an après la Playstation 4 et le PC et après un rapide détour par la 3DS mais seulement au Japon, Dragon Quest XI (ou DraQue pour les intimes) débarque enfin sur nos Switch dans une version dite « définitive ». Définitive dans le sens où elle inclue les musiques orchestrées, un doublage japonais et anglais et on peut même y jouer en mode 2D à l’ancienne ! Mais surtout, vous êtes en face d’un véritable monument du J-RPG. En garde !
Classique mais efficace.
Vous incarnez l’Éclairé. Comme le veut la tradition, vous êtes un brillant épéiste muet, orphelin, prince d’un royaume disparu ravagé par les monstres peu après votre naissance et élevé dans le village paisible de Caubaltin (l’équivalent de la Lozère dans le monde d’Alréa). Mais surtout, vous êtes l’élu de l’arbre-monde destiné à vaincre les forces obscures, rien que ça. A votre majorité, après avoir passé un rituel faisant office de tutoriel, vous êtes envoyé au royaume voisin d’Héliodor vous attendant à être accueilli tel un messie… et c’est là que les choses dérapent un peu pour vous. J’en raconte pas plus mais sachez que DraQue XI ne brille pas par une originalité folle dans son scénario mais plutôt dans la maitrise parfaite des classiques.
En effet, tous les clichés sont là ou presque mais est-ce un mal pour autant ? Les personnages sont certes un peu archétypés mais n’en restent pas moins très attachants d’autant que les cinématiques sont très nombreuses et vous pourrez vous entretenir avec eux à n’importe quel moment renforçant ainsi leur personnalité. Les doublages qu’ils soient en japonais ou en anglais sont de qualité, la localisation en français parfaite grâce à des pointes d’humour bien senties, les décors et situations variées, les moments drôles et larmoyants sont bien dosés, bref, on suit les aventures de nos joyeux drilles comme on suivrait un plaisant anime interactif sans prise de tête.
Vous allez faire plusieurs fois le tour d’Alréa à la rencontre de personnages fantasques qui rejoindront vos rangs ou vous mettront à l’épreuve. Graphiquement, ça reste assez irrégulier alternant entre villes foisonnantes de vie et donjons aux couloirs et salles vides, décors magnifiques et textures baveuses (surtout en mode TV) mais on reste tout de même dans le haut du panier pour de la Switch. Le jeu se paiera le luxe de vous faire décrocher des « wouah » d’admiration de temps en temps. Mention spéciale évidemment au chara-design par maître Toriyama, toujours réussi et indémodable mais aussi à la bande-son enjouée, un peu trop parfois tant elle a tendance à couvrir les dialogues par moment. Mais je pinaille.
NOTE DE RÉALISATION
Aux armes, paladins.
Il n’y a pas que le scénario qui est classique. DraQue, c’est un pur J-RPG avec des combats au tour par tour dans la pure tradition « dragon questienne » pour ainsi dire. Et comme le veut la tradition, si vous osez vous pointer devant un boss sans avoir le niveau requis, il n’y a pas grand chose que vous puissiez faire. Ce qui, très étonnamment, n’arrivera pas trop souvent dans cet épisode là, rassurez-vous. Au pire, faites un peu de pex, achetez ou forgez du meilleur équipement et c’est réglé. D’autant que les Game Over ne sont pas punitifs. Certes, vous perdrez la moitié de votre fortune mais conserverez toute l’expérience et objets trouvés depuis votre dernière sauvegarde.
Au niveau des évolutions, elles sont faméliques mais on en notera deux. La première est que vous pourrez alterner votre composition d’équipe à tout moment en plein combat. Également, tous les membres de votre équipe même ceux qui ne combattent pas, évoluent équitablement (à condition qu’ils soient encore en vie, bien sur). Ainsi, aucun personnage n’est vraiment inutile d’autant qu’ils sont plus polyvalents que jamais. Grâce à l’héxagramme de chacun, vous pourrez leur attribuer des points de compétence pour leur apprendre de nouvelles attaques et si vous changez d’avis, vous pourrez même réattribuer ces points ailleurs moyennant finance.
La deuxième est l’état hypertonique qui survient aléatoirement et non plus sur commande. À force d’être attaqué, un personnage a une chance de passer dans ce mode pour devenir momentanément plus fort pendant plusieurs tours. Mais si plusieurs d’entre eux sont dans cet état, alors vous pourrez exécuter gratuitement un combo d’équipe à la mise en scène parfois spectaculaire et aux effets variés. De quoi retourner une situation à première vue désespérée. Toutefois, les ennemis et boss peuvent aussi profiter de ce mécanisme alors gare.
On notera néanmoins, une difficulté revue à la baisse par rapport aux standards de la série. Les traditionnelles longues phases de grind nécessaires pour progresser concernent finalement plus le post-game que l’histoire de base. Outre les combats, l’exploration est aussi de mise pour mettre la main sur des loot rares dispersés à travers le monde. Il faudra aussi vous attendre à passer des heures dans les menus pour équiper vos alliés convenablement, changer leur tenue ou à la forge pour fabriquer votre équipement idéal. De nombreux livres de recettes sont à débusquer alors ne passez pas à coté de la moindre bibliothèque sans en consulter les ouvrages.
En clair, DraQue XI ne révolutionne pas le genre mais maitrise son sujet de bout à bout. Une référence, tout simplement.
NOTE DE GAMEPLAY
Une quête qui n’en finit pas !
Préparez-vous et bloquez vos week-end. La démo de 7 à 10 heures disponible gratuitement dans l’eShop donne déjà le ton et permet de se faire une idée de ce qui vous attend. Dragon Quest XI est tout simplement colossal. L’histoire principale se boucle en 70 ou 80 heures, ce qui est déjà énorme en soi. Mais si vous croyez avoir fini après le générique de fin, vous allez tomber de haut. Le post-game est monumental et représente quasiment le double de temps de jeu ! En effet, la préparation sera très longue avant d’aller défier le true last boss et connaitre tout le dénouement de l’affaire.
Au registre des activités annexes, parce qu’il y a pas que le génocide de monstres dans la vie, vous trouverez des casinos et des courses de chevaux permettant de glaner des équipements exclusifs. Et si vous n’en avez pas assez, de nombreux PNJ vous demanderont divers services à satisfaire, histoire de tuer le temps avant la fin du monde. De plus, la version définitive exclusive à la Switch ajoute des épisodes centrés sur les compagnons de l’Éclairé et ce qui leur arrive entre les deux grandes parties de l’histoire principale. Une aubaine pour ceux qui ont déjà fait la version originale.
Le fan-service n’est également pas en reste. Outre les références et clins d’oeil cachés, vous croiserez sur votre route des Chronomis, petits êtres gardiens du temps, qui vous donneront l’accès à des lieux issus des Dragon Quest précédents. Ces visites dans la légende de la licence se feront exclusivement en 2D. La 2D, justement, permet de redécouvrir le jeu sous un nouveau jour avec un gameplay légèrement modifié et encore plus à l’ancienne, ce qui ravira les puristes de chez puriste. Il est toutefois dommage ne pas pouvoir passer de la 2D à la 3D à la volée. Celle-ci se faisant uniquement qu’à certains moments-clé de l’histoire.
Vous l’aurez compris, si vous souhaitez venir à bout de ce périple et tout découvrir, tout explorer, tout faire, les heures de jeu se comptent par centaines. Juste démentiel !
NOTE DE CONTENU
VERDICT
Fidèle à la tradition sans oublier d’en moderniser certains aspects rédhibitoires au passage, Dragon Quest XI S est une référence absolue du J-RPG à ne pas manquer pour les fans de la série et du genre en général. Incroyable qu’un tel bijou tourne sur une Switch et qu’une aventure aussi démesurée puisse rentrer dans une si petite cartouche. Surement, le jeu de l’année sur Switch !